vendredi 24 août 2012

Vente à découvert - Partie 4 de l'interview de Jim Rogers dans Market Wizards

L’hystérie est-elle toujours la même ?

Du moins suit-elle toujours le même cycle. Le sommet est atteint quand les gens pensent que le marché va monter pour toujours – alors les prix deviennent irrationnels, décorrélés de la réalité, et on arrive à la fin du cycle. Un nouveau cycle commence, mais dans le sens inverse.

Que pensez-vous du marché Japonais ?

Je vous garantis que le marché japonais va connaitre une chute majeure, à mon avis dans un an ou deux. Je pense que le Nikkei va chuter d’au moins 80% [prophétie qui s’est avérée exacte, NDLR].

Ceci signifie-t-il que vous vendez le Nikkei à découvert ?

J’hésite. Bien que je sois convaincu de l’imminence d’un effondrement, je dois être très vigilant, car les Japonais peuvent changer les règles du jeu à tout moment. Je ne sais pas si vous avez entendu parler du marché des actions Koweitien durant les années 1980-1981 ? A cette époque, au Koweit, vous pouviez acheter les actions avec un chèque postdaté. Vous pouviez n’avoir que 10 dollars sur vote compte, mais acheter pour 10 millions de dollars d’actions, avec un chèque postdaté émis par une société de courtage indépendante. Tout le monde le faisait ! C’était un exemple évident d’hystérie. Pourtant, je ne l’ai pas vendu à découvert, et j’ai eu raison – parce que quand le système s’est effondré, le Koweit a changé les règles du jeu, et je n’aurais jamais pu rapatrié mon argent. Quad un gouvernement change les règles du jeu pour se protéger, ça ne peut pas être bon pour Jim Rogers. N’imaginez pas qu’un gouvernement se laisse dépouiller aussi facilement.

Mais que peut-il bien faire ?

Geler la monnaie. Interdire les rapatriements de capitaux. Dévaluer massivement. Dieu seul sait ce qui leur passera par la tête !

Pourquoi avez-vous quitté le Quantum fund ?

Quand je suis arrivé à NYC en 1968, j’étais un garçon pauvre d’Alabama. En 1979, j’avais plus d’argent que je pensais qu’il n’en existait à la surface du globe. Et puis, nous étions devenus gros. Nous avions 50 employés, et ils me donnaient des migraines avec leur demandes de congés, d’augmentation, etc. Je n’étais pas intéressé par tout ça. J’étais intéressé par l’investissement, par comprendre le monde. En 80, j’ai ramassé mes billes et je suis parti.

Un souvenir particulièrement dramatique de votre temps a Quantum ?

L’été 71. Nous étions long Japon et short US. Un dimanche soir, Nixon annonce la fin de la convertibilité or du dollar. J’étais quelque part sur ma moto, loin de la ville. Je suis arrivé le lundi matin au bureau sans avoir lu la presse. Ce même matin le Nikkei était en baisse de 20% et le Dow Jones en hausse de 20%. Nous perdions beaucoup, par les deux bouts. C’était la panique à bord.

Qu’avez-vous fait ? Vous avez liquidé ?

Impossible ! Qui aurait acheté ? Dans une telle situation, ce que vous devez faire c’est vous assurer que votre raisonnement initia était correct. C’est ce que nous avons fait, et oui nous étions corrects. Alors, nous avons conservé nos positions et nous avons attendu.

Donc vous avez conservé votre position en dépit d’une perte papier importante ?

Exactement. Une perte sur le papier n'est pas une perte dans la réalité.

Mais étiez-vous vraiment sûr de votre coup ?

Oui. La décision de Nixon n’était qu’une autre étape dans la dissolution des accords de Bretton Woods. L’Amérique était en déclin et le dollar avec elle. Le rally suite à une déclaration politique ne serait que de courte durée. La tendance de fond était trop forte.

Etes-vous en train de dire que lorsqu’un gouvernement prend une mesure contre une tendance, vous devriez vendre à découvert juste après le rally qui suit l’annonce de la mesure ?

Exactement. Ceci devrait d’ailleurs être gravé dans la roche – investissez toujours dans le sens inverse de la banque centrale. Quand une banque centrale tente de redynamiser une monnaie, vendez la monnaie à découvert.

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