mardi 21 août 2012

Les politiciens, l'or et l'inflation - Partie 2 de l'interview de Jim Rogers dans Market Wizards

Pensez-vous que l’on puisse vivre une panique financière sans avoir de récession ?

Oui, c’est déjà souvent arrivé. En 1937 par exemple. En 1987 je ne m’inquiétais pas d’une récession parce que le dollar s’affaiblissait encore et toujours, et parce que qu’ainsi de nombreuses industries américaines allaient très bien s’en sortir – comme l’acier, l’agriculture, les mines et le textile.

Donc, malgré une chute du marché, l’économie peut tenir le cap ?

Oui. Sauf si les politiciens y ajoutent leur grain de sel.

En faisant quoi par exemple ?

En haussant les taxes et les barrières douanières. Entre autres. Les politiciens sont tellement bons pour foutre un pays par terre ! L’histoire n’est pas avare d’exemples. En bout de ligne, on peut même dire que ça ne rate jamais ! Ils trouvent toujours le moyen de foutre leur pays par terre!

Etant donné l’ampleur de nos problèmes actuels de déficit, que pourraient faire les politiques pour réduire ce dernier ?

Je vais vous donner un exemple, mais je pourrais vous en donner cent ! Le gouvernement dépense chaque année 5 milliards de dollars pour soutenir le prix du sucre, afin que les américains l’achètent a 22 centimes le kilo, alors que sur le marché mondial il ne coute que 8 centimes le kilo. Cinq milliards ! Nous serions bien mieux si le gouvernement disait a chaque propriétaire de plantation sucrière « nous vous donnons $100,000 par an pour le reste de votre vie, une Porsche et un appartement à Miami si vous vous retirez du business ! ». Tout le pays se porterait mieux, et nous autre consommateurs payerions moins pour le sucre. Mais juste pour faire tenir les intérêts d’une corporation et s’assurer ses voix, le gouvernement est prêt à toutes les absurdités !

Puisque nous évoquons les différents types de scénarios monétaires, avez-vous une opinion au sujet de l’or ?

En 1934 le prix de l’once était établi à 35$. Par la suite la production a décliné chaque année jusqu’en 1980. La production diminuait car il n’existait aucune incitation à miner davantage. Durant ces 45 années de baisse successive de l’offre, la demande a lentement mais sûrement continué à monter, particulièrement dans les années 60’ et 70’ quand a commencé la révolution de l’électronique. Demande qui monte, offre qui baisse, vous connaissez la suite. Avant que les années 70 ne commencent, j’étais certain que nous aurions un formidable bull market. Même avec l’inflation a 0%, vous auriez eu ce bull market, juste à cause des lois de l’offre et de la demande. C’était aussi simple que cela. Mais la situation a radicalement changé dans les années 80. Rien de mieux que de tirer le prix de l’or de 35$ à 875$ l’once [NDLR, en 1981] pour amorcer une nouvelle ruée vers l’or. La production est remontée année après année à partir de 1980. Précisément le moment où j’ai revendu ! Pour ce qui est du futur, je ne crois pas que l’or sera la meilleure couverture contre l’inflation durant les années 90.

Voulez-vous dire que l’or est une couverture contre l’inflation du passé ?

Les généraux ont toujours une guerre de retard. Les gérants de portefeuille investissent toujours dans le dernier bull market. L’idée que l’or est un "great store of value" est absurde. Il y a eu de nombreuses périodes dans l’histoire durant lesquelles l’or a perdu de son pouvoir d’achat – et parfois pour plusieurs décennies.

Dans une situation de panique ou de révolution, on pourrait s’attendre à voir le prix exploser ?

Au début oui. Mais pas pour longtemps, car un système monétaire établi sur de nouvelles bases serait vite remis en place.

Qu’achèteriez-vous pour vous prémunir d’une situation de chaos total ?

Une ferme à la campagne, et un fusil.

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